Description
Il y a quelques jours j’ai visionné un film sorti en 2016. Les événements tragiques qu’il retrace sont tirés d’une histoire vraie qui s’est déroulée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une jeune médecin militaire, en mission en Pologne pour rechercher et rapatrier les soldats français blessés, est un jour appelée à l’aide par une sœur bénédictine pour un accouchement. Dans le couvent où elles se rendent, une trentaine de religieuses vivent retirées du monde. Elle apprend alors que toutes ont été violées par des soldats russes et plusieurs sont enceintes. Une souffrance doublement ressentie pour ces femmes qui ont fait vœu de chasteté.
Les souffrances que l’on perçoit tout au long du film montrent comment chacune fait face à ce qui les atteint dans leur corps et au plus profond de leur âme. Des réactions qui vont de la honte au déni, en passant par le repli sur soi, l’indifférence, l'abattement, le questionnement sur l'amour de Dieu, l’incompréhension, la résistance à toute intrusion de leur intimité, la culpabilité ou la crainte du jugement divin.
Puis on voit petit à petit ces femmes s’ouvrir à la compassion, accepter l’inacceptable et finalement se laisser émouvoir par la vie qui émerge au fur et à mesure des naissances. Le dénouement a presque valeur de parabole. La seule à ne pas entrer dans ce processus est la Mère supérieure qui, dans une forme de légalisme extrême, va laisser à la Providence le soin de secourir les nouveau-nés en les abandonnant en pleine forêt au pied d’une croix. Une réaction terrible qu’elle justifiera en disant avoir choisi sciemment de « se damner pour les sauver toutes ».
Pour la réalisatrice, « La spiritualité devait être au cœur du film » 2. N’en est-il pas ainsi pour toute souffrance qui atteint l’individu au-delà de ses forces habituelles et le touche dans son intégrité physique ou mentale ?
Face à la souffrance… chacun a sa propre histoire à réécrire, de nouveaux repères à trouver, un chemin plein d’inconnues à tracer.
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La souffrance, même dans le quotidien des soins, reste un mystère auquel chacun est appelé à faire face avec humilité et courage.
Fabienne Aeberli
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